AVENGERS : ENDGAME – CRITIQUE

On y est. 1 an après la sortie d’Infinity War et sa fin dévastatrice, il est l’heure de découvrir la suite et le dénouement de cette « Saga de l’Infini », le pinacle de 11 ans d’histoire et le 22ème opus du Marvel Cinematic Universe. Comme l’a si bien dit Doctor Strange : « We’re in the endgame now. »

Bien entendu, ce film cristallisait énormément d’attentes chez les fans, puisqu’il était censé apporter une conclusion à cette histoire mais aussi à certains personnages, comme Captain America puisque Chris Evans, dont le contrat expire à l’issue de ce film, avait fait publiquement ses adieux au rôle de Steve Rogers. Une page qui se tourne donc.

Je vais maintenant essayer de vous faire une critique de ce film colossal, sans le moindre spoiler. Oui, ça va pas être facile, mais allons-y.

Les 15-20 premières minutes sont vraiment très réussies, l’ambiance est assez sombre, on sent que nos héros sont dévastés par leur défaite et ses conséquences. C’est également intéressant de voir comment le deuil impacte les personnages, comme Black Widow par exemple, mais tout ça est malheureusement assez vite mis de côté au profit de divers rebondissements et de touches d’humour peu pertinentes. On essaye également de donner un dilemme moral à Tony Stark au début du film, mais ce n’est pas assez bien amené pour que le choix ne soit pas évident, et le film s’en rend compte puisque c’est évacué très rapidement.

Progressivement, on s’éloigne de l’aspect dramatique des événements, pour en arriver au plan des Avengers qui règlera tout ça. Sauf que les problèmes commencent un peu à s’accumuler. On a un Deus Ex Machina complètement grotesque avec un rat, sans lequel le plan des héros n’existerait pas, et le film non plus. A mesure que le plan se met en place, le film commence à avoir un gros problème de ton. En effet, tout le potentiel dramaturgique de cette situation tragique, et tout développement de thématiques comme le deuil, l’échec, la culpabilité, ou la résilience, sont survolées pour laisser place au déroulement de l’intrigue et à un ton humoristique hors propos.

Alors oui, il y a toujours eu de l’humour dans les films Marvel, mais à l’image d’Infinity War, on pouvait en avoir quelques touches bien dosées, et rester sérieux quand c’était nécessaire. Ici, malgré le postulat de base qui se veut bien plus sombre, le film adopte peu à peu un ton plus fun et sort des blagues presque à chaque dialogue…

C’est un vrai problème puisque nos héros sont censés être désespérés et préparent un plan qui sauvera l’humanité, et dont l’échec pourrait engendrer des conséquences plus graves encore. Mais ça, c’est sur le papier, au lieu de rester concentrés, ils passent leur temps à rigoler comme des imbéciles à coup de blagues bien grasses. Je ne dis pas qu’en soi ces blagues n’étaient pas drôles, c’est juste que le contexte ne se prêtait pas à rire, et surtout pas autant en tous cas. Sans vous donner de détails, on a droit entres autres, à un personnage qui dab, et un autre qui joue à Fortnite… Drôle ou pas, ça n’a rien à faire dans ce film.

La parfaite illustration de cet humour de mauvais goût est le traitement de Thor. Entre Ragnarok et Infinity War, son arc de personnage était devenu très intéressant et il était clairement le personnage le plus charismatique du MCU. Ici, il est réduit à un running gag lourdingue et ridicule.

D’ailleurs malheureusement, tous les personnages ne bénéficient pas d’un développement satisfaisant : Clint Barton est devenu Ronin, mais son épaisseur psychologique est mise au placard malgré une belle séquence à Tokyo ; Hulk / Banner change une nouvelle fois d’apparence et a encore l’air d’un idiot alors que c’est un génie ; et enfin Captain Marvel, est reléguée au rang de facilité scénaristique ambulante, ne servant littéralement qu’à ça dans ses rares apparitions.

Concernant Thanos, il aurait été difficile de le développer plus que dans Infinity War, où son excellent arc de personnage faisait la force du film, mais il est dommage de constater qu’il n’a plus la même aura, devenant un antagoninste assez lambda dans sa caractérisation.

La seconde partie du film, est quant à elle vraiment laborieuse, à cause de ses explications confuses, de l’humour omniprésent, mais aussi de ses incohérences et facilités qui parasitent le déroulement de l’intrigue. Les péripéties paraissent complètement artificielles, tant l’issue est cousue de fil blanc, et sont ponctuées d’un fan service totalement gratuit, mais la durée permet tout de même quelques jolis moments intimistes.

Puis on arrive au troisième acte, le climax du film, au bout de presque 2h15, et là, en termes de spectacle, on est servis. Cette bataille finale est assez jouissive, et certains passages sont voués à devenir iconiques. Si comme moi, vous êtes un fan de Marvel, vous allez être comblés par ce spectacle généreux, et par cette belle conclusion qui est offerte à certains personnages. Vraiment, ce dernier acte est assez divertissant, à la hauteur de ce que le film pouvait potentiellement nous proposer. Dommage que la mise en scène ne soit pas à la hauteur des événements.

Cependant, à l’instar de l’opus précédent, Endgame est beaucoup plus inégal dans sa construction, à l’image des 2 premières heures qui oscillent entre thématiques intéressantes et concepts ludiques, mais toujours desservis par une écriture bancale, ne se décidant jamais à approfondir son sujet, et en accumulant les incohérences et les facilités. Le film passe à côté de tout son potentiel dramaturgique, vite écrasé par les rebondissements et la nécessité (?) de faire des blagues.

Impossible de ne pas penser à l’excellente série The Leftovers, qui traite de la disparition soudaine d’une partie de l’humanité, et des conséquences de cet événement chez les survivants, ainsi que leur manière de gérer le deuil. Le contexte est certes différent, mais ils auraient au moins pu s’en inspirer pour le ton du film, jusqu’au climax. Comme si les scénaristes n’assumaient pas les retombées dramatiques de la fin d’Infinity War et ressentaient le besoin de captiver les spectateurs par le rire. Sauf qu’on suit ces personnages pour la plupart depuis 10 ans, on les apprécie beaucoup, donc ce n’est pas 15 vannes à la minute qui vont les rendre plus sympathiques. Il y a un temps pour tout.

Comme d’habitude chez les frères Russo, la mise en scène est assez dépourvue d’idées intéressantes, et certaines scènes d’action sont assez peu lisibles à cause de l’utilisation parfois peu judicieuse d’une shaky cam et d’un montage trop épileptique. La photographie est d’une certaine laideur aussi, ce qui n’aide pas. Si l’ambition artistique est clairement absente, ils savent au moins où ils vont, pour donner une belle conclusion à cette « Saga de l’Infini ». Mission réussie de ce côté-là.

Bande-annonce :

1 commentaire pour “AVENGERS : ENDGAME – CRITIQUE”

  1. Bonjour. Je redecouvre le film grace a ta critique. Je me souviens avoir passe un bon moment mais cest vrai qu a part le final le film ne m a pas trop marqué. Peut etre que je commence a avoir un debut de raison grace a ta critique 👏

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