BURNING – CRITIQUE

Après son Lion d’Argent à Venise pour Oasis et un Prix du Scénario à Cannes pour Poetry en 2010, le metteur en scène Sud-Coréen Lee Chang-Dong revient dans la sélection Cannoise avec son nouveau long-métrage intitulé Burning, dans lequel on retrouve Steven Yeun (The Walking Dead, Okja).

Adapté d’une nouvelle d’Haruki Murakami, le film raconte l’histoire de Jong-Soo, un jeune coursier, qui croise la route de son ancienne voisine Hae-Mi, et succombera à ses charmes. Cependant, à son retour d’un voyage à l’étranger la jeune fille rentre accompagnée de Ben, un garçon riche et mystérieux. S’installe alors un triangle amoureux entre les jeunes gens, qui se trouvera perturbé par l’étrange disparition soudaine d’Hae-Mi. Jong-Soo décide de mener l’enquête…

Dans ce qu’il semble être de prime abord un Drame centré sur un triangle amoureux, le film glisse peu à peu vers un Thriller, sans que la tension se ressente frontalement. Non pas qu’elle soit inexistante, bien au contraire : ici, Lee Chang-Dong distille une tension subtile, comme un flottement omniprésent, mais jamais agressif.

L’ambiance du film contribue fortement au ressenti du spectateur. En effet, entre les sentiments de Jong-Soo pour Hae-Mi, la disparition mystérieuse de celle-ci, et la personnalité nonchalante et énigmatique de Ben (brillamment interprété par Steven Yeun), quelque chose de véritablement troublant se fait ressentir.

Avec sa durée de presque 2h30, le film accuse de quelques longueurs qui n’aident pas forcément à rester totalement investi, mais avec le recul, cette lenteur participe à instaurer cette atmosphère perturbante, donc difficile de trouver cela préjudiciable.

L’ensemble n’est également pas dénué de fond, notamment avec un état des lieux de la Corée du Sud, à travers une dualité de classes sociales, représentée par Jong-Soo et Ben. Deux jeunes hommes que tout oppose, l’un vivant en milieu rural et agricole, l’autre dans un immeuble résidentiel classieux et roulant en Porsche.

Le mystère du film joue tellement sur la perception que l’on a des apparences ou des souvenirs, qu’on en vient parfois à se demander si le point de vue de Jong-Soo ne prend pas le dessus sur la réalité.

Ce sentiment est appuyé par une séquence poétique et d’une grâce infinie, durant laquelle on observe Hae-Mi danser, en mimant diverses choses : l’épluchement et la dégustation d’une mandarine, ou encore l’envol d’un oiseau. Grâce à une sublime photographie permettant un jeu d’ombres avec le ciel sous un soleil couchant, l’illusion fonctionne à merveille et l’on se laisse emporter, émerveillé par ces images. Assurément une des plus belles scènes de l’année 2018.

Laissez-vous tenter, par ce Thriller romantique, aussi mystérieux qu’envoûtant, dans le sillage de l’amour obsessionnel de Jong-Soo pour Hae-Mi. Si le film est reparti (malheureusement) bredouille du dernier Festival de Cannes, il mûrit cependant admirablement bien dans notre esprit, même quelques semaines après avoir quitté la salle. Une vraie pépite totalement atmosphérique, qui confirme encore une fois que le Cinéma Sud-Coréen est un des plus passionnants à suivre depuis les années 2000.

Bande-annonce :

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