DOCTOR STRANGE 2 – CRITIQUE

Près de 6 ans après la sortie du premier opus des aventures du Docteur Stephen Strange, que l’on a retrouvé maintes fois avec les Avengers et plus récemment aux côtés de Peter Parker, ce second volet, intitulé « Multiverse of Madness » fait suite notamment aux événements de la série WandaVision. Rassurez-vous, si vous ne l’avez pas vue, vous ne serez pas perdus dans les enjeux du film, mais il vous manquera une partie de l’impact émotionnel concernant Wanda.

Scott Derrickson, le réalisateur du premier volet a quitté le projet en pré-production pour différends créatifs, et Marvel a réussi à embaucher Sam Raimi, grand réalisateur s’étant illustré pour sa fabuleuse trilogie Spider-Man au début des années 2000, mais aussi pour des films comme Mort ou Vif, ou encore la trilogie horrifique Evil Dead qui a propulsé sa carrière. Connaissant l’habituelle capacité du Studio Marvel de brider la créativité artistique personnelle des metteurs en scène, pour privilégier le cahier des charges et l’uniformité visuelle du MCU (un peu à la manière d’une série TV), on était en droit de rester sceptique face à l’embauche de Sam Raimi.

A-t-il la capacité de briller autant que par le passé dans la mise en scène, surtout en travaillant pour un studio connu pour laisser peu de place à une vraie identité de cinéaste ?

Et bien… Oui, et non. Le démarrage du film était assez inquiétant puisque pendant plus d’une demi-heure, aucune trace du style Raimi n’était à signaler, le film ressemblant à toutes les autres productions du studio. Puis à mesure que le récit commence à se tourner vers un ton plus sombre, flirtant avec le cinéma d’épouvante, le réalisateur commence à s’exprimer, par petites touches ci et là, mais reconnaissables entre mille.

Zooms fulgurants, mouvements et angles de caméra vertigineux, effets de montage dynamiques, maquillages et effets spéciaux rappelant Evil Dead… la patte de Sam Raimi est bien là. Cependant, il semblerait que le cinéaste soit bien plus emballé par les histoires de sorcière, de zombies, de livre maléfique et autres joyeusetés occultes autour du personnage de Wanda, que par ce qui concerne le multivers, Strange et autres caméos.

Cela se ressent notamment dans sa mise en scène, qui se réveille véritablement dans certaines séquences, avec des idées excitantes, tandis que le reste du temps, il se contente de filmer platement, sans réelle envie créative. Un constat ô combien frustrant, surtout que l’on sent parfois que la barrière de la catégorie « tous publics » imposée par Marvel l’empêche d’y aller à fond dans le spectacle horrifique et gore à souhait.

Concernant l’écriture, c’est assez décevant de voir le concept de multivers assez peu exploité, au service d’une histoire somme toute assez convenue, assez peu impactante, le traitement de Wanda Maximoff mis à part. Son développement est dans la continuité de la série WandaVision, puisqu’après avoir fait le choix de renoncer à sa fausse famille, elle se retrouve hantée par des rêves de ses enfants, et sous l’influence maléfique du Darkhold, elle entreprend de dérober le pouvoir de voyager dans le multivers, afin de vivre réellement avec ses fils.

Sa trajectoire est assez émouvante en soi, mais son rôle d’antagoniste, et ses pouvoirs liés aux forces occultes permettent surtout à Sam Raimi de la filmer presque comme une Sorcière meurtrière sortie d’Evil Dead. La performance d’Elizabeth Olsen est à saluer, tout comme dans la série, et elle parvient à voler aisément la vedette aux autres personnages, devenant le véritable coeur du film.

En somme, ce Doctor Strange 2 ne sera pas un long-métrage particulièrement marquant, ne brillant pas par ses qualités d’écriture. Mais malgré les limites évidentes du cahier des charges, Sam Raimi parvient à s’amuser sur certaines séquences, imposant grâce à son style iconique des idées de mise en scène stimulantes, qui font indéniablement du bien au sein du MCU, montrant que si on laisse les artistes s’exprimer, les films seraient moins lisses et impersonnels. Quand bien même son empreinte n’est pas majoritaire sur la globalité du film, ces fulgurances stylistiques lors de plusieurs séquences importantes sont assez généreuses pour voir le verre à moitié plein, et le considérer comme un des films les plus intéressants de la franchise.

Bande-annonce :


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