DUNE – CRITIQUE

Succédant à l’adaptation laborieuse en 1984 de David Lynch, et du projet avorté d’Alejandro Jodorowsky, le cinéaste canadien Denis Villeneuve, ayant signé deux des plus grands films de Science-Fiction de ces dernières années (Blade Runner 2049, et Premier Contact), nous dévoile enfin sa vision du célèbre roman de Frank Herbert. Dune, après un an de report dû à la pandémie, débarque dans les salles Françaises ce mercredi 15 septembre, plus d’un mois avant sa sortie US.

Timothée Chalamet, jeune star montante à Hollywood prend le relais de Kyle MacLachlan dans le rôle de Paul Atreides, le héros de cette histoire, héritier du trône de la Maison Atreides. Si le rôle ne prête pas à une performance d’acteur éblouissante, il s’en sort très bien, incarnant avec justesse ce jeune garçon devant assumer l’héritage de sa lignée et les responsabilités qui lui incombent. Le reste du casting est formidable, mention spéciale à Rebecca Ferguson, qui livre une prestation sensible et tendre, dans le rôle de Dame Jessica, la mère de Paul.

Souvent réputé inadaptable, le roman de Frank Herbert se retrouve dans les mains d’un cinéaste talentueux, et passionné depuis l’enfance par Dune. L’avantage de cette nouvelle adaptation, est qu’elle a été imaginée en deux films, permettant à cet univers si particulier de se développer convenablement, sans devoir tout imbriquer au forceps dans un seul film, tâche Herculéenne que n’avait évidemment pas réussi à accomplir la version de 1984. Ici, Villeneuve pose les enjeux avec une limpidité exemplaire, permettant aux différentes richesses de cet univers de se déployer progressivement, et ainsi de ne laisser aucun spectateur sur le carreau.

La direction artistique se rapproche de l’architecture de certains décors de Blade Runner 2049, avec ces bâtiments et vaisseaux immenses et froids, dégageant une atmopshère mystique écrasante, comme si l’industrialisation de masse de ce monde étouffait la vie, et l’humain. Le travail sur le gigantisme est d’ailleurs remarquable, tout paraît très grand, parfois trop pour la caméra, avec des espaces et des décors concrets qui débordent du cadre, y compris pour le bestiaire, avec le fameux ver des sables.

Dune est aussi un blockbuster sensoriel, s’inscrivant parfaitement dans la filmographie de son auteur. Il est intéressant de voir le travail de montage effectué sur les différentes visions et rêves de Paul, rappelant les fragments de souvenirs du personnage d’Amy Adams dans Premier Contact. C’est d’ailleurs la source d’un autre point commun avec ce film, ainsi qu’avec Blade Runner, puisque le héros doit ici décrypter son histoire, et interpréter des signaux pour avancer. Son héritage et ses visions le pèsent, mais il devra tenter de comprendre tout cela, afin d’assumer ses responsabilités et de tenter de modifier son destin, qui n’est peut-être pas si immuable qu’il le pense.

Il est également intéressant de noter les similitudes avec Star Wars, puisque son créateur George Lucas s’est certainement plongé dans le roman Dune avant de créer sa célèbre saga spatiale. La direction artistique rapproche inévitablement les deux oeuvres, mais on peut également faire un parallèle entre le personnage de Paul Atreides, et celui de Luke Skywalker : un jeune garçon, censé être l’élu d’une prophétie et doté de grands pouvoirs, qui devra mener une résistance face un oppresseur cruel, pilleur de mondes et de ressources. Il est également possible que le roman ait irrigué de nombreuses oeuvres postérieures, consciemment ou non, comme Game of Thrones, avec par exemple les différentes maisons et les pouvoirs différents de leurs lignées.

Dune a toutes les caractéristiques d’un chapitre introductif, nécessaire à la mise en place de l’univers, mais il a ses propres enjeux et péripéties, proposant un spectacle impressionnant, bien accompagné par la partition étonnante, presque expérimentale d’Hans Zimmer. La mise en scène de Villeneuve est encore une fois très travaillée, avec la sublime photographie de Greig Fraser, alternant entre des moments d’action épiques, parfaitement orchestrés et des scènes plus sensorielles et viscérales, dans lesquelles certaines compositions de plans s’apparentent à des tableaux. Le seul bémol peut-être, est qu’il n’atteint pas tout à fait le même degré de poésie visuelle que son Blade Runner, mais cela reste un travail remarquable, qui fait plaisir à voir dans le paysage actuel des blockbusters Hollywoodiens.

La construction narrative est assez équilibrée, et permet, à la manière de La Communauté de l’Anneau, de clore cette première partie sur un nouveau statu quo, en attendant d’explorer encore davantage de grandes choses dans le prochain volet. Dune est définitivement un grand spectacle visuel et sonore, qu’il faut absolument découvrir en salles.

Bande-annonce :

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