La seconde partie de cette saison finale vient tout juste de se terminer, et alors que l’attente jusqu’en 2023 commence à se faire ressentir pour découvrir enfin la conclusion de l’oeuvre d’Hajime Isayama, il convient de revenir sur cette seconde salve d’épisodes.
Encore une fois, pour les moins assidus à la diffusion hebdomadaire, assurez-vous d’avoir tout rattrapé avant de continuer à lire cette critique.
Reprenant directement là où la partie 1 s’achevait, c’est à dire avec la riposte militaire de Mahr sur Paradis, le titan d’Eren debout face à ses ennemis, cette partie 2 démarre sur les chapeaux de roues, enchaînant de l’action brutale entre titans primordiaux, et rebondissements implacables.
Impossible de ne pas parler de cette succession d’épisodes incroyables (19-20-21), qui ont définitivement changé la série, à la fois pour les événements qui suivent, mais aussi la perspective que l’on avait de certains moments passés.

Alors que les forces en présence retiennent leur souffle à la vue de la tête coupée d’Eren, Sieg parvient à s’en saisir à temps, et une parenthèse hors du temps s’impose, nous transportant au sein de ce qu’on appelle l’Axe, ou le Chemin, dimension contenant le pouvoir du Titan Originel, et son hôte historique, Ymir.
Alors que Sieg tente de mettre en place son plan d’éradication douce, consistant à rendre stérile le peuple Eldien et ainsi mettre fin à ce cycle de violence, nous découvrons tout d’abord une facette cruciale du pouvoir du Titan Assaillant, qui peut à la fois avoir accès aux souvenirs de son prédécesseur, mais aussi voir le futur à travers la mémoire de son successeur, mais seulement ce que celui-ci choisit de lui montrer.
Une séquence édifiante, d’une cruauté insondable, rendant compte du génie de l’auteur, ayant prévu cela dès les premières pages du manga et les conséquences dramatiques que l’on connaît aujourd’hui, comme le massacre de la famille Reiss, qu’Eren force son père à effectuer.
On comprend également qu’à l’instant où Eren prenait la main d’Historia Reiss (en fin de saison 3), tout ce pouvoir mémoriel lui apparaissait, justifiant sa réaction d’effroi. Il devient évident que le visage fermé et froid qu’il affichait par la suite, était dû à cette prise de conscience de la tâche insoutenable qui l’attendait. Comment ne pas regarder le monde qui l’entoure différemment, quand il sait qu’il sera forcé de l’anéantir avec une brutalité incommensurable ?

Des révélations glaçantes, mais le flashback dédié à Ymir était peut-être davantage traumatisant. On y découvre l’origine de la persécution d’Ymir et ses descendants Eldiens, ainsi que l’origine des titans. Devenue esclave pour l’éternité de cette malédiction, elle décide, grâce à l’incitation d’Eren, de reprendre le contrôle de son destin, et d’exercer sa vengeance sur l’humanité, en conférant à Eren les pleins pouvoirs du Titan Originel, lui permettant de déclencher le Grand Terrassement tant redouté.
Sur le monde s’abat l’apocalypse, avec cette armée de Titans Colossaux prêts à piétiner et brûler toute vie en dehors de l’Île du Paradis. C’est à la fois la vengeance d’Ymir, pour des siècles de persécution, et celle d’Eren, en colère contre le monde en dehors des murs, qu’il tient pour responsable du massacre de son peuple et de sa famille. Cela faisant, il perpétue le cycle de violence et commet d’encore plus grandes atrocités que ses ennemis, s’imposant comme le seul Juge et Bourreau de l’humanité.
L’épisode 21, intitulé « De toi, il y a 2000 ans », fait sans aucun doute partie des meilleurs de la série (si ce n’est le meilleur), avec une écriture d’une noirceur et d’un nihilisme effroyables. La mise en scène est à la hauteur du rendez-vous, et délivre, de concert avec le titre « Footsteps of Doom » de Kohta Yamamoto, des séquences absolument terrifiantes, dont il est difficile de se remettre.
À ce titre, les personnages eux-mêmes ont du mal à s’en remettre. Entre cette vision apocalyptique, perpétrée par leur ami et ancien camarade, et l’impuissance générée par la situation, les quelques épisodes suivants redescendent drastiquement en action spectaculaire, privilégiant les dialogues et l’introspection des différents protagonistes. Une parenthèse qui rend le rythme plus lancinant, mais néanmoins nécessaire à cette sensation inédite de désespoir. Que fait-on lorsque l’apocalypse se déclenche ?

Des moments importants, permettant à tous de souffler, prendre du recul sur la situation, sur la culpabilité d’actes passés, et de concocter un plan pour sauver le monde. L’alliance entre certains Mahr et les membres restants du Bataillon d’Exploration panse les vieilles blessures et rancœurs, certains tentent de se repentir, et d’autres se préparent à faire preuve d’une violence impitoyable pour sauver l’humanité.
Eren, victime d’un système gangrené par la haine, devient désormais officiellement l’antagoniste principal de Shingeki no Kyojin, témoignant de la trajectoire fascinante et tragique du personnage, et des qualités brillantes de l’écriture jusqu’ici.
Les derniers épisodes de cette partie 2 renouent avec des scènes d’action spectaculaires, dans lesquelles on retrouve un peu de voltige, superbement mise en scène et animée par le studio MAPPA, prouvant qu’ils n’ont rien à envier aux travaux ébouriffants de WIT Studio. On nous offre ainsi des scènes de massacre à la fois jouissives et traumatisantes, étant donné que le Bataillon doit se battre contre leurs anciens camarades désormais ralliés à la cause d’Eren.
La partie 2 de la saison 4 s’achève sur des dernières minutes glaçantes, l’apocalypse s’abattant sur l’humanité. Nul doute que dans le sillage de la partie 1, celle-ci poursuit la multiplicité de points de vue, et les révélations saisissantes, permettant d’étoffer davantage la richesse thématique de l’oeuvre dans sa globalité, en bousculant de nouveau nos perspectives.

La partie 3, attendue pour 2023 sera cette fois bel et bien la dernière salve d’épisodes, mais aura peut-être droit à un format particulier, comme des épisodes plus longs, pour conclure la série en beauté.
Disponible en intégralité sur Crunchyroll.
Bel article, je l’ai partagé avec mes amis.