MA VIE AVEC JOHN F. DONOVAN – CRITIQUE

Depuis le temps qu’il est attendu celui-là ! Fin de tournage en juin 2017, à deux doigts d’être présenté au Festival de Cannes 2018, mais reporté à cause d’un montage plus long que prévu, en partie dû au fait que l’actrice Jessica Chastain a été coupée du film, Xavier Dolan jugeant son personnage contre-productif à l’histoire.

C’est principalement le récit de la correspondance entre un petit garçon et son acteur de Série TV favori : John F. Donovan. Mais, comme d’habitude avec Xavier Dolan, c’est plus que ça. En tous cas, pour son premier film anglophone, il a mis le paquet sur le casting : Kit Harington (Jon Snow dans « GoT« ), Natalie Portman, Susan Sarandon, et le jeune mais déjà remarqué Jacob Tremblay.

C’est justement ce dernier qui livre la performance la plus épatante du film. Cet enfant, qui rêve d’être acteur démontre une admiration pour le cinéma et ses vedettes à laquelle on peut facilement s’identifier. C’est aussi une manière pour Dolan de se remémorer son enfance, où il était déjà acteur et envoyait des lettres à ses idoles, notamment à Leonardo DiCaprio, qui ne lui a jamais répondu.

Ici, il transpose la réalité en la modifiant, puisque le jeune Rupert entretien une relation épistolaire avec John F. Donovan. Une correspondance que le petit garçon a tenu secrète pendant des années, de peur qu’on lui retire ce qui était pour lui une des choses les plus chères à ses yeux, comme s’il pouvait toucher son rêve de cinéma du bout des doigts.

Le cinéaste prolonge également sa propre mise en abîme à travers le fameux personnage interprété par Kit Harington. Cet artiste, en plein essor de sa notoriété et avec une carrière prometteuse, permet à Xavier Dolan d’explorer la difficulté d’assumer son homosexualité sans perdre le contrôle de sa carrière à cause des retombées médiatiques. Ces deux personnages cristallisent le désir d’être soi-même et de poursuivre ses rêves coûte que coûte, même dans une industrie parfois cruelle.

Ce film est un véritable condensé des obsessions habituelles du réalisateur québecois, avec également le rapport conflictuel, mais tendre entre une mère et son fils. Ici, cette thématique est représentée par les personnages de Susan Sarandon et de Natalie Portman. Celles-ci posent des problèmes à leur fils, chacune à leur manière, mais leur regard aimant empli de douceur montre à quel point elles sont dévouées.

D’ailleurs, presque toutes les émotions du film passent par les regards des comédiens, sublimés par la caméra de Xavier Dolan, privilégiant les gros plans, et par la très belle photographie d’André Turpin, son chef opérateur depuis « Tom à la Ferme« .

Cette narration construite sur deux personnages en miroir, à travers des va-et-vient temporels et géographiques fonctionne à merveille grâce au montage, supervisé par Dolan lui-même. Son goût pour la musique est également mis à l’honneur, et il prouve encore une fois son talent pour l’intégrer parfaitement à sa mise en scène et aux émotions qu’il veut provoquer. Ce qui nous donne de très belles séquences, notamment sur les titres « Rolling in the Deep » d’Adele, une reprise de « Stand by Me« , ou encore avec le choix très intéressant de « Don’t Let Me Get Me » de P!nk, chanson sur l’acceptation de soi par excellence.

Xavier Dolan livre à nouveau un long-métrage très personnel, et assez maîtrisé, malgré les déboires au montage, nous permettant d’être embarqués dans ce récit éclatant de sensibilité, grâce à la beauté des images et à la sincérité des performances.

Bande-annonce :

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