Fort de ses nouvelles expérimentations avec des caméras numériques, notamment sur l’excellent Collateral, Michael Mann se lance dans une adaptation de la célèbre série TV des années 80, Deux Flics à Miami, dont il était producteur à l’époque. Maître du polar urbain, Mann se détache de la cité des anges pour venir filmer le Sud de la Floride.
Les deux policiers Sonny Crockett et Ricardo Tubbs (Colin Farrell et Jamie Foxx), collaborent avec le FBI pour exposer un trafic de drogue à grande échelle, à travers une mission d’infiltration. Seulement, à ce jeu de doubles identités vient se heurter la vie amoureuse des deux coéquipiers. Pour Ricardo, c’est Trudy (Naomie Harris), sa partenaire au travail et à la vie qui est mise en danger, et pour Sonny c’est une relation naissante avec Isabella (Gong Li), une femme d’affaires travaillant pour les narco-trafiquants qu’ils essayent d’arrêter.
C’est précisément là le point central du film, et une composante essentielle du travail de Michael Mann : faire entrer en collision la vie personnelle et professionnelle de ses personnages, et notamment à travers l’amour. Si il y a souvent eu cette dimension au sein des différents métrages du réalisateur, même dans ses films policiers ou thrillers, celui qui peut le plus justement être qualifié de « Polar Romantique », c’est probablement Miami Vice.

Le cinéaste met toujours un point d’honneur à nous faire ressentir les émotions des personnages à l’image, parfois avec peu de mots. Miami Vice ne fait pas exception. Pour Sonny et Isabella tout commence par des regards, puis par une invitation à boire des mojitos, qui se transformera en escapade improvisée en bateau jusqu’à la Havane. Cette virée marque le début d’une idylle destinée à ne pas durer, car la véritable identité de Sonny viendra évidemment y mettre fin. « C’était trop beau pour durer » .
Si l’issue est inévitable, cela n’empêche pas Michael Mann de nous emmener à bord de cette aventure romantique, et de nous faire profiter de ces sublimes et précieux moments entre ces deux personnes qui s’aiment plus qu’elles ne le devraient. De chaque regard, chaque sourire, chaque baiser, chaque pas de danse émane une passion flamboyante et incontrôlable.
Armé de sa caméra HD numérique Viper, le cinéaste propose une mise en scène immersive, donnant un aspect très réaliste à l’image. Un choix qui permet au spectateur d’être toujours au plus près de l’action et d’en ressentir l’atmopshère au maximum, que ce soit lors d’une fusillade, d’une balade en bateau, ou d’une danse sensuelle en boîte de nuit. L’esthétique du film rend la part belle aux comédiens, tous excellents, même si évidemment, Colin Farrell et Gong Li (une des meilleures actrices du monde rappelons-le) sortent du lot et offrent chacun une performance incandescente et émouvante.

Comme d’habitude chez Mann, la musique a une place très importante dans la création de l’atmopshère de ses films, une vraie plus-value permettant de davantage ressentir l’oeuvre. Encore une fois, elle épouse parfaitement chacune des scènes et amplifie l’émotion. Le cinéaste fait toujours d’excellents choix musicaux, et on est servis ici par une bande-son comprenant entre autres des titres de Linkin Park, Nina Simone, Moby, Chris Cornell, ou encore Mogwai.
Sans révolutionner son cinéma, ou atteindre la grandeur de son chef d’oeuvre, Heat, Michael Mann propose un nouveau polar urbain atmosphérique, au lyrisme romantique renversant, à la sensualité brûlante, et à la mélancolie bouleversante. « Le temps est une chance » dira Isabella, et c’est précisément ce que le cinéaste veut nous faire ressentir. Le caractère éphémère de cette idylle est justement ce qui décuple l’intensité et la beauté de ces sentiments, de ces instants vécus.
Nul doute que Miami Vice est un des plus beaux essais cinématographiques de la grande carrière de Michael Mann, et qu’il ne doit en aucun cas être ignoré ou sous-estimé.
Actuellement disponible sur Netflix FR et Amazon Prime Video.