SCREAM : LE SLASHER CINÉPHILE

Dans la petite ville de Woodsboro en Californie, deux adolescents sont assassinés par un tueur s’inspirant des films d’horreur des années 70 et 80. Alors que la police mène l’enquête, le mystérieux tueur au masque semble s’intéresser plus particulièrement à la jeune Sydney Prescott…

Le 1er opus sort en 1997, des années après les plus grands films de type « slasher » (pour rappel : film dans lequel un tueur masqué va poursuivre des jeunes pour les assassiner brutalement), mais le film ne manquera pas d’originalité pour autant. Il est réalisé par Wes Craven, qui n’est autre que le créateur des Griffes de la Nuit et de son tueur emblématique Freddy Krueger. Ce qui fait le sel de son retour avec Scream, c’est que le bonhomme a développé le recul nécessaire pour ne pas tomber vainement dans la pâle copie de ses prédécesseurs.

Pourtant, en apparence c’est encore un énième film avec un tueur masqué qui massacre des adolescents non ? En effet, mais les apparences sont parfois trompeuses. Premier point intéressant ici : le tueur, surnommé « Ghostface » plus tard dans la saga est un véritable cinéphile. Il s’inspire directement des tueurs les plus célèbres de l’histoire du cinéma : Michael Myers dans Halloween, Freddy Krueger, Jason Voorhees de Vendredi 13, ou encore Norman Bates de Psychose.

C’est là que réside toute l’originalité du film. Cette connaissance du genre horrifique et plus précisément du sous-genre slasher est le point d’orgue du long-métrage. Le tueur, ainsi que les personnages sont tous cinéphiles, ou ont au moins vu quelques films de ce genre, ce qui implique qu’ils agissent régulièrement en âme et conscience des codes qui régissent les films d’Horreur.

« What’s your favorite scary movie ? » C’est la question posée par le tueur à Casey (Drew Barrymore) lors de la géniale scène d’ouverture. Une séquence haletante où le tueur au masque va téléphoner à sa victime, et lui poser des questions sur le cinéma d’horreur pour déterminer si elle s’en sortira vivante, ou pas.

Une des forces de Scream est également de ne pas se prendre totalement au sérieux tout en mettant en scène des meurtres brutaux. Ghostface, bien qu’effrayant et sans pitié, est également maladroit. En effet, lors de courses poursuite avec ses victimes, il n’est pas rare de le voir trébucher et se vautrer sur le sol ou bien se prendre une porte en pleine poire ! L’effet comique est bien dosé, n’atténuant jamais la violence des meurtres mais donne plutôt un côté humain au tueur, en prouvant qu’il n’est pas invincible, prenant à revers les tueurs emblématiques du genre.

L’atout majeur du film reste le fait de jouer avec les codes de l’horreur, de manière assez maligne. Les personnages remettent en question leurs actions à travers un parallèle entre ce qui leur arrive et ce qui se passerait dans un film d’horreur. C’est pourquoi ils établissent des règles de base comme le fait de ne jamais demander « Qui est là ? » quand on est seul, ou bien de ne jamais dire « Je reviens tout de suite ! ».

On a pas mal parlé du premier Scream, mais qu’en est-il des suites ? Eh bien, même si elles ne sont pas au niveau de l’original, le fait qu’elles soient toutes réalisées par Wes Craven leur procure tout de même un intérêt non négligeable. En effet, que ce soit le 2, le 3 ou même le 4, le côté méta qui faisait le charme du premier film est toujours bien présent. En plus de continuer à jouer avec les codes du genre, les suites s’amusent à prendre en compte de quel épisode de la Saga il s’agit, et d’identifier ses propres règles narratives. C’est-à-dire le second opus, ou le final d’une trilogie par exemple.

En définitive, Scream est véritablement un film de slasher très inventif, proposant un ludisme angoissant et jouissif dans sa construction narrative. Les personnages principaux sont tous bien écrits et interprétés, la bande originale de Marco Beltrami colle parfaitement à l’ambiance des films, et la mise en scène de Wes Craven est diablement efficace.

Le cinéaste nous propose une vision lucide sur le genre Horrifique et sur son propre cinéma, ayant lui-même créé le personnage de Freddy Krueger. Fun fact : le metteur en scène a justement un caméo dans le premier Scream, revêtant le fameux pull rayé rouge et vert ainsi que le chapeau noir de Freddy, en se faisant passer pour un concierge.

Pour finir, petit hommage à Wes Craven, malheureusement décédé fin août 2015, que l’on remercie pour sa grande contribution au cinéma d’horreur.

Bande-annonce :

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