Nous y voilà enfin. Après de multiples reports, le nouveau blockbuster tant attendu de Christopher Nolan arrive enfin dans nos salles Françaises ce mercredi 26 août.Pour empêcher la fin du monde, le protagoniste devra sillonner l’univers de l’espionnage international et se confronter à une dimension où le temps est inversé…
Si Inception avait des airs de film d’espionnage, c’est véritablement Tenet qui arbore le plus les caractéristiques du genre. Nolan reprend des codes déjà vus chez James Bond, avec une intrigue amenant les personnages aux quatre coins du globe, un aspect luxueux et glamour, un enjeu mondial, et un antagoniste mégalomane Russe. Sauf qu’on est bien dans un film de Christopher Nolan et qu’il va y insuffler son obsession principale : le temps.
Après avoir exploré ce thème de différentes manières au cours de sa filmographie, le cinéaste Britannique se penche sur un concept étonnant : l’inversion du temps. Certains y voient quelque chose d’extrêmement complexe, d’impossible à comprendre, pourtant comme à son habitude, Nolan passe un certain temps à expliquer les règles du jeu. Certes, avec un débit de parole parfois assommant, donnant l’impression de ne pouvoir assimiler d’un seul coup la quantité d’informations données, mais cela n’empêche pas de comprendre la globalité de l’intrigue.

D’ailleurs, le « protagoniste », campé par un John David Washington en grande forme (déjà très prometteur dans BlacKkKlansman), comprend petit à petit les principes élémentaires de ce phénomène temporel, et comment il doit agir, mais ne s’embarrasse pas des explications physiques.
Ce concept d’inversion temporelle offre des possibilités cinématographiques assez intéressantes. Les scènes d’action, spectaculaires, sont particulièrement originales et renversantes. Mais ce qui frappe, c’est que ce phénomène fonctionne comme une télécommande qui permettrait de « rembobiner » vers le passé, donnant cette impression d’actes inversés (une balle qui revient dans le chargeur après avoir été tirée).
Un concept éminemment cinématographique, puisque les personnages se retrouvent à revoir des scènes « en marche arrière » pour y découvrir de nouvelles choses, et ainsi mieux comprendre les tenants et aboutissants de l’intrigue. Tout comme le spectateur pendant le film, et en le revoyant plusieurs fois. Car oui, vous ne pourrez probablement pas tout comprendre de Tenet au premier visionnage, mais l’essentiel doit pouvoir être assimilé, pour y revenir plus tard, et repérer de nouveaux indices.

Le ton du film arbore une certaine froideur, caractéristique propre à l’espion, mais ce n’est pas un frein à l’empathie. Si l’enjeu principal pour le protagoniste n’est pas émotionnel comme dans Interstellar, ou Inception, le film n’est pas pour autant dénué d’humanité. Kat, élégamment interprétée par Elizabeth Debicki, tente de se soustraire à l’emprise terriblement toxique de son mari (Kenneth Branagh), et de sauver son fils. Sa quête rejoint en effet l’enjeu le plus global : en sauvant le monde, elle regagne sa liberté et offre un futur à son enfant. Une volonté à laquelle le protagoniste ne sera pas insensible, démontrant une nouvelle fois après l’hâletante scène d’ouverture, son empathie et son altruisme, parfois aux dépens de sa mission. On peut également noter une certaine mélancolie autour du personnage de Neil (Robert Pattinson) et de son amitié naissante avec le protagoniste, dans les dernières minutes du long-métrage.
Le fiston de Denzel Washington s’en sort vraiment bien, avec un gros investissement physique, mais celui qui attire davantage la lumière n’est autre que Robert Pattinson, déployant toute sa classe et son magnétisme, prouvant une fois de plus la variété de son talent, et continuant sur des choix de carrière post – Twilight absolument exemplaires. Nul doute qu’il fera un Bruce Wayne épatant dans The Batman (2021). En tous cas, leur duo fait des merveilles, et on aurait aimé les voir plus longtemps faire « les 400 coups » ensemble.
Concernant l’antagoniste, Kenneth Branagh, énième acteur anglais chargé de jouer avec un accent russe, s’avère bien plus crédible que nombre de ses comparses dans l’exercice, et se permet même de paraître véritablement brutal et glaçant par instants, sans délaisser une part de romantisme (tordu) envers sa femme.
En somme, Tenet, n’est certainement pas le meilleur film de Christopher Nolan, ni son plus bouleversant, mais c’est résolument son projet le plus ambitieux, un blockbuster généreux et intelligent, avec une proposition visuelle vertigineuse et ludique. Un spectacle dont il faut absolument se délecter sur grand écran.
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