TOP FILMS 2019

Bienvenue dans cette deuxième partie du Bilan de fin d’année ! Après avoir célébré le cinéma Français, il est l’heure de s’attaquer à cette année 2019 au sens large ! Avec de nombreux excellents films de grands réalisateurs, cette année fût une cuvée particulièrement exceptionnelle, et difficile à départager. Avant de vous présenter les 15 films que j’ai préféré cette année, voici ceux qui n’étaient pas loin d’intégrer ce Top, mais que je recommande tout de même.

Mentions Honorables :

DOULEUR ET GLOIRE, de Pedro Almodovar

TRAINÉ SUR LE BITUME, de S. Craig Zahler

LA FAVORITE, de Yorgos Lanthimos

TOY STORY 4, de Josh Cooley


15. US

Réalisé par Jordan Peele

Après le succès critique et public de Get Out, Jordan Peele revient avec un nouveau film d’horreur, ici basé sur le concept du « home invasion ». Si la discours final de l’antagoniste est un peu trop explicatif et crée des incohérences à ce concept original, le tout reste très maîtrisé, notamment dans la mise en scène, évitant de s’encombrer d’effets grossiers, pour créer la surprise de différentes manières. Lupita Nyong’o est époustouflante, et le reste du casting n’est pas en reste non plus, en passant par Winston Duke ou Elisabeth Moss. Une fois encore, Jordan Peele arrive à livrer un film d’horreur sur fond de critique sociale, renvoyant à la violence inhérente d la culture américaine, et égratignant les privilèges sociaux et raciaux. Us est une réussite, permettant au cinéaste de se forger une identité cinématographique en seulement deux long-métrages.

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14. MARRIAGE STORY

Réalisé par Noah Baumbach

Sorti sur Netflix en ce début décembre, Marriage Story de Noah Baumbach raconte l’histoire d’un couple en plein divorce, se disputant la garde de leur enfant. Même si l’on poursuit le récit principalement du côté du père, on a aussi énormément le point de vue de la mère, permettant de nuancer et de remettre en question ce que l’on voit. La relation entre les parents est vraiment très bien écrite, surtout dans les dialogues, où l’on sent vraiment qu’ils s’efforcent de rester courtois un temps, mais la situation devenant de plus en plus pesante, ils finissent par exploser et à se dire leurs quatre vérités, aussi douloureuses et atroces peuvent-elles être. Adam Driver et Scarlett Johansson sont absolument formidables et mériteraient d’être récompensés pour ces rôles difficiles renvoyant à leur histoire personnelle (Johansson divorcée deux fois et Driver enfant d’un divorce). On a également quelques belles idées de mise en scène et de montage sur la constante opposition entre les deux parents. Si l’on peut regretter que l’émotion n’atteigne pas les sommets de Kramer contre Kramer, dont il s’inspire clairement, il est indéniable que c’est un très bon film, d’une justesse d’écriture et d’interprétation remarquable.

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13. EL REINO

Réalisé par Rodrigo Sorogoyen

Après l’excellent polar Que Dios Nos Perdone en 2017, Rodrigo Sorogoyen s’attaque au thriller politique avec El Reino, à nouveau accompagné de son acteur génial, Antonio De La Torre. Si la mise en place lors de la première heure est assez confuse, rendant les tenants et aboutissants de l’affaire incriminant cet homme politique, le film prend peu à peu de la vitesse pour se révéler extrêmement prenant et nerveux lors de sa deuxième heure. Embourbé dans une affaire de corruption, le protagoniste va tout tenter pour se sortir d’affaire jusqu’à tomber dans une spirale infernale dont il sera difficile de s’extirper. A mesure que le métrage s’affranchit des détails fastidieux de l’affaire, la tension prend de plus en plus de place pour offrir des moments de cinéma sidérants de nervosité, rappelant parfois du William Friedkin. Les dernières quarante minutes sont particulièrement étouffantes, à coups de longs plans séquences d’une intensité remarquable, d’une course-poursuite effrénée et d’un final véritablement saisissant sur un plateau de télévision. Avec El Reino, le cinéaste espagnol nous offre des moments de mise en scène étourdissants de tension, épaulé par une nouvelle performance formidable d’Antonio De La Torre.

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12. 90’s

Réalisé par Jonah Hill

Pour son premier essai à la réalisation, l’acteur Jonah Hill se penche sur le Los Angeles des années 90, à travers le passage à l’adolescence d’un jeune garçon lors d’un été qu’il passera en compagnie d’une bande de skateurs. Une des forces du film est de retranscrire admirablement l’atmosphère de l’époque, sur fond de récit initiatique. Ce qui est intéressant, c’est de revivre l’ambiance de l’époque sous le regard émerveillé de cet enfant, qui en grandissant cherchera à se libérer d’une cellule familiale absente et froide, en découvrant tout ce que le monde a à lui offrir. Jonah Hill fait confiance à ses comédiens, et leur donne la part belle à travers ce cadre réduit. Il arrive également à imposer une telle douceur sur sa manière de filmer le jeune Stevie, que peu importe la situation, on ne se retrouve pas à le juger, mais plutôt à le regarder avec tendresse, tel un enfant qui tombe à vélo pour mieux se relever ensuite. Un vrai petit bijou de cinéma, qui ne se contente pas de glorifier l’époque mais de la faire revivre tout simplement.

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11. LE TRAÎTRE

Réalisé par Marco Bellochio

Que le film de Marco Bellochio se retrouve seulement en onzième position de ce Top est une anomalie. Ou bien une confirmation que cette année 2019 fût vraiment exceptionnelle. Un peu les deux, en fait. Porté par la prestation fantastique de Pierfranceso Favino, Le Traître raconte ce que c’est que d’être un « repenti », un ancien membre de la mafia qui va parler à la Justice. Bien entendu, avec l’emprise de « Cosa Nostra » sur la société italienne, l’arrestation et le témoignage de Tommaso Buscetta va faire quelques vagues. S’en suivra un « maxi-procès » où il sera confronté à tous les pontes de la mafia qu’il incrimine, et qui provoquera la transformation du tribunal en véritable pièce de théâtre, mettant en scène l’hypocrisie du monde mafieux, passant son temps à renier sa culpabilité ou à la projeter sur l’autre. Une farce sociale, remettant en question ce fameux code d’honneur du mafieux, pour déconstruire le mythe, à l’opposé de glorifications faites dans Le Parrain ou Les Affranchis, entre autres. Un retour en force bienvenu du film de gangsters, dont la démarche s’est un peu renouvelée cette année…

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10. THE LIGHTHOUSE

Réalisé par Robert Eggers

Second film du réalisateur Robert Eggers après son très bon The Witch, The Lighthouse est une œuvre déroutante venant sonder la folie humaine, à travers deux gardiens de phare coincés sur une île, et représentés à l’écran par Robert Pattinson et Willem Dafoe, absolument démentiels. La particularité formelle de ce film réside dans le choix d’un format d’image carrée en 1:1 (accentuant l’impression d’enfermement), et de tourner en pellicule 35mm noir et blanc. On peut également distinguer à l’image un grain verdâtre, rappelant celui des films muets des années 20-30 qu’a pu faire F.W. Murnau par exemple. Cette comparaison n’est effectivement pas hasardeuse puisque le cinéaste vient chercher de l’inspiration du côté de l’expressionnisme Allemand pour certains de ses cadres. The Lighthouse est une expérience hallucinée, radicale, perturbante, parfois drôle, allant explorer la folie humaine et la limite entre le fantasme et la réalité.

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9. L’HEURE DE LA SORTIE

Réalisé par Sébastien Marnier

Au cas où ça vous aurait échappé, L’Heure de la Sortie est mon film Français préféré de l’année, en témoigne sa première position de mon Top France. Il était donc peu surprenant de le voir occuper une place de mon Top 2019. A vrai dire, il fût même premier de ce Top, entre sa sortie en janvier et l’arrivée de certains mastodontes avec le Festival de Cannes en mai. Que dire de plus si ce n’est que sa maîtrise d’une ambiance quasi surnaturelle grâce à une mise en scène au cordeau rappelant John Carpenter, est des plus saisissantes de l’année, et une des propositions les plus intéressantes du cinéma Français de ces dernières années. Le cinéma de genre a décidément de beaux jours devant lui, et Sébastien Marnier est véritablement un réalisateur à suivre.

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8. UNE VIE CACHÉE

Réalisé par Terrence Malick

Inspiré d’une histoire vraie, le nouveau film de Terrence Malick raconte l’histoire d’un paysan autrichien qui refusera de prêter allégeance à Hitler, et qui sera ainsi emprisonné pour trahison. Ici, Malick revient à une structure narrative plus classique, tout en gardant les bienfaits de ses récentes expérimentations post Tree of Life dans sa mise en scène. En prenant le soin de sublimer ce village des Alpes autrichiennes, la nature qui l’entoure, et le travail de ces paysans, le cinéaste dépeint un véritable jardin d’Eden, où la vie, l’amour, et la Foi règnent. Cependant, l’ombre de la guerre parviendra à s’y introduire, et briser la pureté de ce lieu. Comme si l’Enfer venait empoisonner le Paradis. Avec un travail acharné sur le grand angle, Malick vient chercher dans les perspectives déformées une intimité d’une beauté rare, parfaitement retranscrite à l’aide de jumpcuts montrant chaque petit moment de tendresse, ou d’amour que les mots ne pourraient parfois pas mieux décrire. Un véritable bijou de mise en scène, chaque plan transpire le cinéma, et cette histoire sur la résilience, le sacrifice presque christique d’un homme et d’une famille pour leurs convictions est assez bouleversant.

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7. LES ÉTERNELS

Réalisé par Jia Zhang-ke

Jia Zhang-ke est vraiment un cinéaste passionnant. Probablement le meilleur réalisateur Chinois contemporain, qui ausculte les différentes évolutions sociales, urbaines, et économiques de son pays depuis la Révolution Culturelle. Après un Lion d’Or à Venise en 2006 pour son chef d’oeuvre Still Life, et deux passages à Cannes remarqués pour A Touch of Sin (2013) et le formidable Au-Delà des Montagnes (2015), le cinéaste revient sur la croisette l’an dernier pour présenter Les Éternels. Un film, qui propose un très beau portrait de femme très intéressant et émouvant, encore une fois superbement incarné par Zhao Tao. La mise en scène, très intelligente, offre des idées de cadrage, et de mouvements de caméra assez subtils pour déployer de l’émotion dans un moment intimiste, ou pour filmer la violence, dans une séquence d’agression épatante. Tout ça, rythmé par des ellipses temporelles, permettant au personnage d’évoluer en parallèle des changements que connaît le paysage social et urbain Chinois. Un excellent cru.

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6. SO LONG, MY SON

Réalisé par Wang Xiaoshuai

Contant le destin douloureux de deux familles sur plusieurs décennies à partir de la Chine des années 80 et de la politique de l’enfant unique, ce film se compose comme une véritable fresque historique. Pendant près de trois heures, on sera transportés dans des allers-retours permettant de comprendre la vie des personnages pour atteindre une dernière heure décisive et terrassante d’émotions. Wang Xiaoshuai (Beijing Bicycle, 11 Flowers) nous embarque dans ce récit fleuve à travers une mise en scène emplie de délicatesse. La trajectoire de ces deux familles permettra de se questionner sur la culpabilité, les regrets, le pardon, tout ça dans le cadre d’une évolution temporelle sur plusieurs décennies. Un magnifique film sur le deuil et la force des liens familiaux.

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5. MIDSOMMAR

Réalisé par Ari Aster

Un an après avoir secoué le cinéma de genre avec le terrifiant Hérédité, Ari Aster revient pour nous présenter Midsommar, un nouveau cauchemar, se déroulant entièrement sous la lumière du jour. Après avoir subi un drame terrible dans sa famille, Dani décide d’accompagner son copain et ses amis en Suède pour le Festival du Solstice d’été, qui n’arrive qu’une fois tous les 90 ans, célébré par une communauté nordique pour le moins singulière… A travers des rites tous plus cruels et violents les uns que les autres, la personnalité de chacun se révèle, et Dani va pouvoir guérir de son trauma, tenter de sortir d’une relation à sens unique, et enfin s’affirmer. La catharsis comme exutoire en fait. Le film interroge aussi d’un point de vue anthropologique les limites de la moralité, et les différentes visions culturelles de la vie et la mort par exemple. La mise en scène d’Ari Aster est véritablement impressionnante, travaillant ses cadres avec un sens du détail redoutable jusque dans les arrières-plans, au service d’un sentiment de malaise lancinant, rappelant par instants Shining ou Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick. La photographie est conçue pour mettre en valeur ce soleil quasi permanent, avec une image parfois surexposée, mais mettant en valeur les différentes couleurs. Si Ari Aster confirme ici son talent et devient l’un des cinéastes les plus intéressants à suivre, la révélation du film est très clairement Florence Pugh, qui livre une performance exceptionnelle. Midsommar s’impose comme l’un des films les plus marquants de 2019 et une des expériences de cinéma les plus folles de ces dernières années.

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4. AD ASTRA

Réalisé par James Gray

Difficile de croire que le Lion d’Or ait pu échapper à James Gray lors de la dernière Mostra de Venise, quand son film le plus ambitieux est aussi abouti. Un voyage spatial construit comme une thérapie pour le Major McBride, parti retrouver son père disparu depuis 16 ans, dont l’héritage et l’absence le pèse, ayant du mal à nouer des liens émotionnels. Il devra apprendre à se libérer de son emprise et s’ouvrir à ses émotions, qu’il contient rigoureusement depuis toutes ces années. Brad Pitt est absolument bouleversant, et la mise en scène élégante de James Gray, couplée à la photographie Hoyte Van Hoytema (Interstellar, Dunkerque, Her) propose des moments de cinéma d’une beauté folle. Une odyssée spatiale plus introspective que spectaculaire, mais proposant tout de mêmes quelques séquences d’action intéressantes. Avec Ad Astra, James Gray confirme une nouvelle fois qu’il est un cinéaste majeur du 21ème siècle.

Vous pouvez la critique complète ici.

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3. ONCE UPON A TIME…IN HOLLYWOOD

Réalisé par Quentin Tarantino

Le 9ème film de Quentin Tarantino aura pas mal divisé le public cette année. Il faut dire aussi qu’on ne l’attendait pas forcément dans ce registre. Au lieu du cocktail de violence habituel, cette fois, le cinéaste prend son temps et contemple. Une contemplation d’une époque révolue, dont il affectionne particulièrement le cinéma et ses figures. Une déclaration d’amour au cinéma, à travers une balade de 3 jours dans le Los Angeles de 1969, au rythme du quotidien de Rick Dalton, un acteur de série TV en passe d’être « has been », son cascadeur et ami Cliff Booth, mais aussi de Sharon Tate, actrice prometteuse et femme de Roman Polanski, avant qu’elle ne soit sauvagement assassinée par les sbires du gourou Charles Manson. Une occasion pour Tarantino de jouer avec la frontière entre le réel et le fictif une nouvelle fois après Inglourious Basterds. Leonardo DiCaprio et Brad Pitt sont absolument géniaux (mention spéciale à ce dernier qui atteint un sommet du cool), et Margot Robbie illumine le métrage à chacune de ses apparitions, rendant hommage à la joie de vivre de la regrettée Sharon Tate. Certainement son film le plus émouvant.

Vous pouvez retrouver la critique complète ici.

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2. PARASITE

Réalisé par Bong Joon-ho

Avec Parasite, Bong Joon-ho nous a servi probablement son meilleur film depuis son chef-d’œuvre Memories of Murder (2003), ce qui est un énorme compliment au vu de ses précédents travaux. Un véritable tour de force narratif et visuel. Un scénario ingénieux, d’une précision diabolique dans ce « home invasion » sous fond de lutte des classes. S’inspirant d’Akira Kurosawa et son Entre le Ciel et l’Enfer, le cinéaste coréen filme brillamment ses décors, rendant la spatialisation de l’action parfaitement huilée et illustrant le propos social avec ces constantes oppositions monde du haut / du bas. L’atout ici est de rendre cette critique sociale vierge de tout manichéisme, les riches et les pauvres étant tous aussi pathétiques qu’attachants. Chacun est le parasite de l’autre. Une Palme d’Or amplement méritée pour ce grand film éclatant de maîtrise, et surtout pour l’un des meilleurs réalisateurs de ces vingt dernières années.

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1. THE IRISHMAN

Réalisé par Martin Scorsese

Martin Scorsese, Robert De Niro, Al Pacino, et Joe Pesci. Voilà, la messe est dite. Plus sérieusement, on peut remercier Netflix d’avoir permis à ce film d’exister, près de 9 ans après l’annonce du projet et un chemin de croix financier. A travers cette nouvelle grande fresque historique sur la mafia, Martin Scorsese livre probablement un de ses meilleurs films, mais aussi son plus émouvant, avec une dernière heure amenant une bouleversante réflexion sur la vieillesse, et les regrets. Mise en scène et narration magistrales, le tout fluidifié par un travail de montage exceptionnel. Et bien sûr, de grandes performances de la part d’acteurs légendaires.

Vous pouvez retrouver la critique complète ici.

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