TOP FILMS 2022

Voilà maintenant la dernière partie du Bilan Cinéma de 2022, avec le Top Films global, regroupant les films Français et Internationaux que j’ai le plus apprécié cette année. Première année d’ouverture complète des salles obscures depuis la pandémie, donc beaucoup de films et un classement très difficile à réaliser, en témoigne les deux films que je me suis permis de classer ex-aequo ! Sans plus attendre, voici mes films préférés de l’année, en commençant par ceux qui ont failli intégrer le Top !

MENTIONS HONORABLES




TOP FILMS 2022

15. LES NUITS DE MASHHAD

Réalisé par Ali Abbasi

Ali Abbasi nous plonge dans une enquête vertigineuse sur le tueur en série nommé « Holy Spider », à travers le regard d’une journaliste déterminée à collaborer avec la police locale pour arrêter le meurtrier. Il faut s’imaginer assister à une sorte de traque à Jack l’éventreur en Iran, à l’exception que le cinéaste nous offre également le point de vue glaçant de l’assassin en action. Le film prendra peu à peu une dimension politique inattendue mais tout aussi passionnante. L’atmosphère sombre du film est prenante, et les scènes nocturnes ont un aspect à la fois terrifant et enivrant, à l’image de cette bande originale stimulante de Martin Dirkov.

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14. PACIFICTION

Réalisé par Albert Serra

À Tahiti, une rumeur inquiétante se propage, sur la présence d’un sous-marin impliquant la reprise des essais nucléaires français au large des côtes. Le Haut-Commissaire de la République mène son enquête et tente d’apaiser les tensions naissantes dans la population locale. Le cinéaste espagnol Albert Serra réalise un film envoûtant, à l’atmosphère étrange, presque planante, sorte de Twin Peaks tropical dans lequel Benoit Magimel navigue brillamment à vue puisque les dialogues sont presque tous improvisés. Un film atmosphérique et imprévisible, dont la séquence de la vague est une des plus vertigineuses vues sur grand écran en 2022.

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13. DÉDALES

Réalisé par Bogdan George Apetri

Si la première heure, se concentrant sur le parcours d’une jeune femme, est assez énigmatique, sa conclusion offre un point de bascule absolument terrifiant, mais aussi brillant, tant dans la narration que la mise en scène. En effet, un plan séquence vace la caméra faisant une rotation à 360° nous place pendant de longues minutes proches d’une scène de crime, sans pouvoir clairement l’apercevoir, mais dont le son se fait entendre. Une utilisation du hors-champ assez brillante, qui permet au spectateur d’en imaginer toute l’horreur s’en y être confronté directement visuellement. Puis la deuxième partie du film se concentre sur un flic qui tentera de retrouver le coupable, de manière assez obsessionnelle. Sans en dévoiler plus, il est assez réjouissant de voir un scénario aussi bien ficelé, arrivant à transmettre les bonnes informations au bon moment pour élucider ce puzzle. Le cinéaste use souvent de longs-plans séquences pour vraiment faire ressentir le temps réel des scènes et faire monter la tension. Le final, tourné également en plan séquence opère, à travers un reflet dans l’eau une nouvelle bascule surprenante, mais tout à fait passionnante, et parfaitement exécutée dans la chorégraphie du plan. Dédales est un polar terrassant, dont la maîtrise narrative et visuelle est assez impressionnante, et parvient à s’émanciper de stéréotypes fallacieux liés au cinéma Roumain, à travers une universalité qui tend à pouvoir placer cette histoire en France comme aux USA.

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12. VORTEX

Réalisé par Gaspar Noé

Gaspar Noé, le réalisateur d’Irréversible vient ici proposer un drame intimiste sur le délitement cérébral au sein d’un couple de personnes âgées. Au casting on retrouve le maître du Giallo Dario Argento, Françoise Lebrun, l’actrice de la Maman et la Putain (un des films favoris de Noé), et Alex Lutz qui incarne leur fils. Dépouillé de ses artifices habituels de mise en scène, ce film s’avère être d’une humanité et d’une sensibilité insoupçonnée, comme si le cinéaste avait senti que le sujet nécessitait une épure totale. Le seul effet notable est le split screen, symbolisant la fracture que crée la maladie dans le couple, mais permettant aussi deux points de vue simultanés. Les comédiens sont d’une justesse épatante, mais surtout Françoise Lebrun, dont le regard égaré est absolument déchirant. Clairement le film le plus mature du cinéaste.

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11. THE GREEN KNIGHT

Réalisé par David Lowery

David Lowery, le réalisateur du magnifique A Ghost Story change totalement de registre ici en s’attaquant à une légende Arthurienne : Sire Gauvin et le Chevalier Vert. Tout en gardant l’aspect poétique de la narration, le cinéaste nous embarque dans une aventure à l’imagerie fantastique, en interrogeant la figure du héros, ou plus globalement des récits héroïques et de leur véracité, mettant en exergue ici plutôt la lâcheté que le courage. Un récit hypnotisant, aux visuels à couper le souffle, dont le final, et plus largement les 15 dernières minutes laissent une forte impression de désespoir et de nihilisme.

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10. THE BATMAN

Réalisé par Matt Reeves

Cette nouvelle itération de Batman, adoptant une approche à la Seven, tient largement ses promesses. Matt Reeves nous propose une atmopshère poisseuse, un Bruce Wayne grunge, et une enquête passionnante, réinvestissant à merveille son statut de détective masqué. Il parvient ainsi à s’émanciper de son étiquette d’adaptation super-héroïque, pour se placer en tant que pur film d’enquête. Un parti-pris d’auteur à saluer, et divinement porté par un excellent Robert Pattinson, parvenant à faire passer beaucoup de choses sous le masque juste avec son regard.

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9. AS BESTAS

Réalisé par Rodrigo Sorogoyen

Rodrigo Sorogoyen, passionnant cinéaste espagnol s’étant illustré avec des thrillers tendus tels que Que Dios nos perdone, ou El Reino, était venu ensuite en France faire Madre, un sublime drame, qui avait déjà une place de choix dans mon Top 2020. Avec As Bestas, il retourne en Espagne mais poursuit son étroite collaboration avec notre pays en embarquant deux de nos meilleurs comédiens : Denis Ménochet et Marina Foïs. Ils incarnent ici deux paysans Français expatriés en Espagne, qui entreront en désaccord avec leurs voisins, désireux d’accepter un projet de construction d’éoliennes proche du village, pour la compensation financière et le relogement ailleurs que cela implique. Le conflit tournera petit à petit au harcèlement moral, puis à la violence physique, permettant à Sorogoyen de déployer à nouveau sa maîtrise de la tension. Habitué des plans séquences étouffants, il signe ici peut-être le plus intéressant de sa carrière, avec un plan fixe de presque 15 minutes, dans lequel brillent les acteurs à travers des dialogues passionnants, démontrant ainsi la complexité du conflit et la question du point de vue. Un thriller suffocant, rappelant par instants Les Chiens de Paille de Sam Peckinpah.

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8. THE NORTHMAN

Réalisé par Robert Eggers

Transposant le Hamlet de Shakespeare dans l’univers viking, Robert Eggers, s’étant plutôt illustré dans le cinéma d’horreur avec The Witch et The Lighthouse, revient cette fois avec un pur film de vengeance, en exploitant le folklore viking pour verser dans le fantastique. Alexander Skarsgaard incarne avec une intensité incroyable cet homme investi d’une rage vengeresse inarrêtable. Le cinéaste démontre à nouveau son sidérant sens du cadre, offrant des tableaux inoubliables. Un récit captivant pour quiconque apprécie Hamlet (ou Le Roi Lion), qui saura imprimer durablement la rétine du spectateur.

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7. CONTES DU HASARD ET AUTRES FANTAISIES

Réalisé par Ryusuke Hamaguchi

Après le brillant Drive my Car en 2021, Ryusuke Hamaguchi revient cette fois avec un film composé de trois histoires, ayant pour point commun un événement ou une rencontre due au hasard. Le titre du film, rappelant nombre d’oeuvres d’Éric Rohmer, n’est pas qu’un clin d’oeil, puisque les histoires ont toutes une portée romantique, ou sensuelle. Hamaguchi nous éblouit à nouveau avec ses dialogues d’une justesse remarquable, et sa mise en scène subtile, trouvant quelques idées surprenantes pour faire basculer le récit. Trois histoires émouvantes et stimulantes, dont la finesse d’écriture est d’une intelligence rare.

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6. RIEN À FOUTRE

Réalisé par Julie Lecoustre et Emmanuel Marre

À travers des scènes très réalistes, semblant parfois anodines, on est plongés dans le quotidien de cette jeune hôtesse de l’air dans une compagnie low-cost tentant de se remettre du décès brutal de sa mère. Entre son rythme de travail, les soirées arrosées, et les rencontres éphémères, le premier film des deux cinéastes Français aborde aussi la perte de repères sociaux et le déracinement. Adèle Exarchopoulos y est absolument formidable, jamais dans l’excès, à l’image de ce qui est sans doute une des scènes les plus bouleversantes de l’année, lorsqu’elle reçoit un appel de son opérateur téléphonique. Voilà un film dont le premier visionnage était déjà impactant, mais sa sublime mélancolie a finit par me hanter des mois durant.

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5. TOP GUN : MAVERICK

Réalisé par Joseph Kosinski

36 ans après le film culte de Tony Scott, Tom Cruise décide enfin de rempiler dans le rôle de Maverick pour cette suite de Top Gun. Autant le dire tout de suite, c’est un pur bonheur de cinéma spectaculaire qu’il nous offre ici, avec des scènes aériennes absolument saisissantes. En résulte un divertissement généreux, bien conçu, maximisant le potentiel d’effets spéciaux pratiques plutôt que numériques. Le film paraît ainsi presque anachronique, rappelant l’artisanat de blockbusters des années 90. Mais au-delà de tout ça, ce qui semble le plus passionnant, et émouvant, c’est le commentaire méta sur l’évolution de l’industrie du cinéma, et sur le statut de Tom Cruise en son sein. Il est indéniablement une des dernières grandes stars de cinéma, une icone qui en son seul nom peut attirer massivement le public voir un film en salles. À ce titre, l’échange qu’il a avec Ed Harris au début du film est révélateur, ce dernier lui disant que les hommes de son espèce (les pilotes à l’ancienne) sont en voie de disparition. Ce à quoi Cruise lui répond : « Peut-être bien, monsieur, mais pas aujourd’hui. » Quand on connaît l’attachement de l’acteur et producteur pour la salle de cinéma et une certaine manière de faire des films, loin des standards actuels et cette surabondance d’effets numériques, ces parallèles dressés tout au long du film ont de quoi résonner très fort dans le coeur d’un cinéphile. Indéniablement un des plus grands plaisirs de cinéma en 2022.

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4. THE MEDIUM

Réalisé par Banjong Pisanthanakun

Scénarisé et produit par Na Hong-jin, le réalisateur du terrifiant The Strangers, et mis en scène par le cinéaste derrière Shutter, un bon petit film d’horreur thaïlandais, The Medium est une oeuvre hybride, entre le faux-documentaire et le found footage. On s’intéresse au départ à la pratique du chamanisme dans un petit village, puis la situation s’aggrave quand la nièce de la chamane se retrouve possédée par un esprit. Un film terrifiant, dont l’utilisation du folklore thaïlandais est assez passionnante. Le final, ponctué par une longue séquence d’exorcisme est un moment de terreur d’une efficacité redoutable, et le long-métrage se termine sur un plan d’un nihilisme rappelant le cinéma de Carpenter.

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3. RAGING FIRE

Réalisé par Benny Chan

Dernier film de Benny Chan avant son décès à la fin de la post-production, le réalisateur de New Police Story et Big Bullet revient ici avec Donnie Yen et son équipe pour offrir un sacré spectacle. Raging Fire s’inscrit dans une tradition du polar martial, héritée de films comme Tiger Cage ou Crime Story, un sous-genre que Donnie Yen a bien su revitaliser dans les années 2000 avec notamment SPL ou FLashpoint. Un film policier avec une dynamique ami / ennemi entre un flic, et un ancien flic devenu gangster, incarné par un Nicholas Tse (Time and Tide) en grande forme, qui rappelle Heat de Michael Mann, notamment dans une fusillade finale en pleine rue assez ébouriffante. Nombreuses sont les scènes d’action spectaculaires, que ce soit des cascades à moto, des gunfights ou des combats à mains nues percutants, dans lesquels Donnie Yen montre encore une fois son grand talent de chorégraphe et le haut niveau de son équipe de cascadeurs. Un film qui dans le contexte actuel du cinéma Hong-Kongais depuis la rétrocession, fait plaisir à voir, et rappelle les meilleures heures du genre, et montre que la perle d’Asie peut encore se hisser au sommet du cinéma d’action.

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2. AVATAR : LA VOIE DE L’EAU

Réalisé par James Cameron

13 ans après le premier volet, et nouveau tour de force pour Cameron. Avatar 2 se hisse tout en haut des productions à grand budget sorties ces dernières années, avec un spectacle visuel sidérant, et une histoire aux thèmes universels, culminant dans une vibrante apothéose émotionnelle comme James Cameron en a le secret. Une expérience dont seul le grand écran sera capable d’en tirer le meilleur parti, avec une utilisation à nouveau très immersive de la 3D.

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2. RRR

Réalisé par S.S. Rajamouli

Ayant bénéficié d’une sortie très limitée en salles en France, le nouveau long-métrage de S.S. Rajamouli a connu un succès mondial, allant même jusqu’à se pointer aux cérémonies de récompenses américaines. RRR est un spectacle total de trois heures, desquelles se dégagent une rage anti-colonialiste, mais surtout une histoire d’amitié entre deux hommes que tout semble opposer. En cela, il se rapproche des Heroic Bloodshed de Hong-Kong qui ont fait le prestige de réalisateurs comme Chang Cheh ou John Woo. La comparaison ne s’arrête pas là, puisqu’en termes de séquences d’action on observe une virtuoisté et une inventivité similaire à ce que le cinéma HK a pu proposer de meilleur. Un blockbuster à 72 millions de dollars, mais dont la qualité de production égale voire dépasse certains films américains à 200M$, puisque sa générosité visuelle n’a aucune limite. Le cinéaste ne s’interdit rien, alternant des séquences ayant une portée sociale et historique, des scènes d’action ahurissantes, mais aussi, comme dans la tradition de Bollywood, des séquences musicales absolument galvanisantes. Indéniablement le film le plus spectaculaire de 2022.

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1. LEILA ET SES FRÈRES

Réalisé par Saeed Roustaee

Si le film, présenté à Cannes en 2022, n’est reparti qu’avec le Prix de la Critique Internationale, il est évident qu’il aurait mérité aisément une récompense prestigieuse de la part du Jury, voire même la Palme d’or. Leila et ses frères s’impose comme une grande fresque familiale, dans l’héritage de Coppola et Shakespeare, avec sans doute quelques-uns des moments de cinéma les plus impressionnants de l’année, consacrant Saeed Roustaee comme un des cinéastes les plus importants de notre époque.

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