Première série des studios Marvel à être diffusée sur Disney+, WandaVision avait de quoi intriguer, puisque l’on retrouve Wanda Maximoff et Vision (celui-ci est mort à la fin d’Infinity War, sans retour possible), dans une sorte de sitcom.
Les deux Avengers filent le parfait amour, installés dans un quartier résidentiel, et tentant d’adopter une vie normale, malgré leurs pouvoirs extraordinaires. Au fil des épisodes, le format visuel change. On débute dans une sitcom des années 50 en noir et blanc, inspirée du Dick Van Dyke Show, puis au fur et à mesure on avance dans le temps, adoptant le style de séries comme Ma Sorcière Bien Aimée, Malcolm ou encore Modern Family. (Des choix qui ont leur importance, vous verrez).
Seulement, on se rend rapidement compte que quelque chose cloche, et que la reconstitution de ces différentes sitcoms n’est pas une simple coquetterie visuelle, mais un véritable dispositif mystérieux dans lequel sont enfermés les personnages. Une sorte de Truman Show magique, une réalité transformée, dont quelques glitches trahissent l’authenticité, laissant penser que Wanda n’est peut-être pas prisonnière mais l’instigatrice de ce show télévisé. Une histoire qui n’est pas sans rappeler House of M, un événement majeur des comics Marvel, dans lequel Wanda Maximoff perdait le contrôle de ses pouvoirs et causait d’importantes altérations à la réalité.

L’occasion pour la série de développer des personnages parfois mis en lumière au cinéma mais largement délaissés au profit d’autres icônes du MCU. Les traumatismes de Wanda sont bien traités, comme la mort récente de Vision par exemple, le deuil de son frère, tué par Ultron, ainsi que son passé en Sokovie. Des choses intéressantes, qui n’avaient jamais été abordées depuis Avengers 2.
Vision lui-même se trouve confronté à la réalité (ou non) de son existence, devant regarder en face sa propre mort des mains de Thanos. La série explore aussi les conséquences terribles du « snap » à la fin d’Infinity War, sur la population, avec un ton sérieux, pour une fois. Ironique de se dire, qu’une des rares productions Marvel à assumer et développer une vraie dramaturgie autour de ses personnages et son univers, est conçue sur la base d’un format comique (la sitcom), alors qu’Endgame, qui possédait un fabuleux potentiel dramatique, se refusait de l’exploiter, au profit d’un humour gras.
Outre ces choses intéressantes dans l’écriture, WandaVision propose une superbe reconstitution visuelle de l’univers de célèbres sitcoms, que ce soit dans le format d’image, la photographie, ou les costumes et décors, tous très fidèles. Un travail de direction artistique irréprochable de ce côté-là, qui devient assez amusant, puisque presque chaque épisode propose un renouvellement assez bienvenu et charmant. Les comédiens sont de toute évidence très à l’aise, des rôles secondaires jusqu’aux principaux, où Paul Bettany, mais surtout Elizabeth Olsen, brillent, démontrant plusieurs facettes de leur talent, jusqu’ici inexploités dans leurs précédentes apparitions chez Marvel.

Mais ce format sitcom est quelque part aussi un peu la limite de cette série, qui, presque à chaque fois qu’elle s’en écarte pour adopter le point de vue du monde extérieur à ce programme télévisé magique, ressemble à la plupart des autres films du studio. Assez navrant de voir que sorti de cette expérimentation visuelle que permettait la sitcom, c’est tout aussi peu inspiré dans la mise en scène et la photographie qu’un Ant-Man ou Captain Marvel. À l’image d’un final extrêmement plat en termes de mise en scène, usant à outrance d’effets spéciaux horriblement laids, frôlant la bouillie numérique. Fort heureusement, ces passages aident aussi à dénouer le mystère autour de la série, mais l’envie de retourner voir notre couple d’Avengers se fait souvent vite ressentir.
En somme, WandaVision est une bonne petite série, assez divertissante, dont le concept est rafraîchissant au sein du MCU et permet de développer des choses intéressantes vis-à-vis des personnages. Pas la série de l’année, mais très correcte, et c’est un vrai plaisir de voir qu’Elizabeth Olsen et Paul Bettany ont enfin quelque chose d’intéressant à jouer dans cet univers.
Bande-annonce :
Bon. Maintenant on va aborder quelques trucs en détails, donc pour ceux qui n’ont pas encore vu la série, vous pouvez vous arrêter là, et revenir plus tard.
ZONE SPOILERS
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Alors. Quelques petites choses à évoquer ici.
Premier point : l’apparition d’Evan Peters, dans son rôle de Pietro Maximoff (qu’il tenait dans la franchise X-Men, notamment dans Days of Future Past et Apocalypse), qui laissait entrevoir soit une possibilité de raccorder l’univers X-Men (appartenant à la Fox), au MCU, maintenant que Disney a racheté la firme ; soit qu’il s’agissait d’une création d’un être maléfique comme Méphisto par exemple. Il s’avère que c’est un type totalement random, ensorcelé par Agatha Harkness pour troubler Wanda, mais si cette révélation avait déjà de quoi décevoir un peu, Marvel ne pouvait s’arrêter là. Il fallait en plus que le nom du gars soit « Bohner », prononcé comme « boner », ce qui veut dire « érection ». Très drôle n’est-ce pas ? Même le personnage ricane en disant son nom à haute voix…
Second point : le directeur du SWORD qui devient aussi une sorte d’antagoniste, en décidant unilatéralement de construire un nouveau Vision, pour s’en servir comme arme. Tout ça est déjà très convenu, mais ce qui pose un peu problème c’est que ce Vision, après avoir rencontré celui recréé par Wanda, se fait transférer les souvenirs de l’original avant sa mort, et disparaît dans la nature. On se retrouve donc avec un Vision doté des mêmes facultés et des souvenirs de l’ancien, libre comme l’air, ce qui annihile un peu les conséquences dramatiques d’Infinity War, qui rendaient la mort de Vision définitive. Mais ce n’est pas étonnant venant de Marvel, puisque ce n’est pas la première fois qu’ils n’ont que faire des conséquences ou des enjeux dans leurs films en sauvant ou ressucitant des personnages.

3ème point : L’avant-dernier épisode était très intéressant, revenant sur le passé de Wanda, pour lui permettre d’exorciser ses traumatismes d’enfance, son instrumentalisation par HYDRA, ainsi que le deuil de son frère, et de Vision. En comparaison, l’épisode final, devant apporter sa conclusion à la série, était une petite déception. « Petite » car il y a quand même des choses qui fonctionnent, notamment des scènes d’émotion entre Wanda et Vision. Mais le reste… On a droit à un combat final entre Wanda, qui épouse enfin ses pouvoirs de Sorcière Rouge, et Agatha Harkness, la Sorcière qui est venue troubler son quotidien à Westview.
Deux Sorcières aux grands pouvoirs, dont l’une capable de modifier la réalité à sa guise, et leur duel se résume à s’envoyer des rayons lasers ou des boules d’énergie ? Pas très inspiré tout ça. Surtout que la mise en scène était d’une platitude assez effarante, et teintée d’effets spéciaux qui auraient peut-être bénéficié de plus de budget et de temps de finition, vu la laideur de cette purée numérique. En somme, c’est un peu triste de tomber dans une résolution aussi moche et convenue, quand ton concept de base était aussi sympa tant dans la narration que visuellement.
Et enfin, quid de l’après WandaVision ? À priori, pas de saison 2 prévue, mais nous retrouverons Wanda Maximoff dans Doctor Strange in the Multiverse of Madness, prévu pour mars 2022. Étrange d’ailleurs que le Sorcier Suprême, chargé de surveiller les activités magiques, ne soit pas apparu, ne serait-ce que quelques secondes, quand une de ses connaissances déploie un tel pouvoir, mais bon, à voir dans le film comment ce sera introduit.
Disponible sur Disney+.